0,00331$ soit 0,0029€
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0,00331$ soit 0,0029€
0,00495$ soit 0,0044€
0,00028$ soit 0,00025€
0,01175$ soit 0,010€
0,00543$ soit 0,0048€
0,00567$ soit 0,005€
0,01110$ soit 0,0097€
0,04390$ soit 0,039€
Le streaming a fini par réduire le problème des majors concernant les téléchargements pirates. Avec un abonnement moins cher qu’un CD, une écoute illimitée hors connexion avec un accès à plusieurs millions de titres, le public comme les maisons de disques y trouvent satisfaction. Mais du côté des artistes, ce n’est pas toujours le cas. En faisant quelques recherches sur Internet, plusieurs tableaux révèlent certains montants. Selon le Monde, les ayants droit toucheraient 0,0001 euros par écoute gratuite, tandis qu’ils toucheraient entre 0,002 et 0,004 euros par écoute avec un compte premium.
Afin de vérifier ces chiffres, j'ai contacté les deux géants du streaming, à savoir Spotify et Deezer. Le premier n'ayant pas souhaité me répondre, je me suis donc rendue dans les bureaux de Deezer à Paris, où je me suis entretenue avec la responsable éditorial Rachel Cartier. Mais lorsqu’est venu le moment d’aborder la question de la rémunération, aucune réponse claire ne m’a été donnée sous prétexte de la confidentialité de l’information. La responsable a tout même tenu à préciser la redistribution des revenus. «Nous reversons 70% de nos revenus aux labels» évoque-t-elle.
Cette question, elle n’est pas la seule à refuser d’y répondre. Après de nombreuses demandes auprès des labels, des maisons de disques et des managers d’artistes, personne n’a tenu à donner une réponse claire. Une question qui fâche vu la complexité de la redistribution des revenus.
Sophian Fanen - Journaliste Les Jours et auteur du livre Boulevard du Stream
Côté redistribution, si une chanson est réalisée en duo, les gains sont automatiquement divisés par deux afin que chaque collaborateur touche la même somme. Un autre point important à propos de ces plateformes concerne le droit d’auteur. Lorsque l’utilisateur achète un titre, il achète également une partie des droits d’auteur. Ainsi, l’artiste touchera plus de droits d’auteur qu’il ne touche chez les géants du streaming. Ce point est d’ailleurs en train d’être imposé à Youtube, qui sera obligé d’assurer une meilleure surveillance de ce droit lorsque l’article 13 sera voté définitivement au Parlement Européen. Ces nouveautés proposées par cette nouvelle génération de streaming audio commencent à se développer petit à petit dans le monde.
Mais il est encore complexe de prévoir le futur de ces plateformes. Avec plus de 700.000 abonnés en France pour Spotify et 1,5 millions pour Deezer, en plus d’une entrée en bourse pour le géant suédois, il est difficile pour ces nouvelles plateformes de se faire une place dans les nouveaux modes de consommation de la musique.
Créées seulement il y a quelques années, Wavlive et Voise ne sont pas encore adoptées de tous les artistes. « Je ne connaissais même pas l’existence de ces plateformes » explique Bastien Lanza. En attendant que les plateformes évoluent vers cette nouvelle génération, les artistes trouvent leurs revenus ailleurs.
Les concerts et les produits dérivés pour compenser
Selon l'Adami, 85% des revenus proviennent des concerts. Ce pourcentage comprend les cachets et le versement de la Sacem pour les droits d’auteur. Les 15% restants se divisent entre la vente d’albums, le merchandising et le streaming. Ces pourcentages sont une moyenne. Il va de soi que la popularité de l’artiste influencera sa diffusion dans les médias, la vente d’albums et de merchandising et bien évidemment le streaming. Bastien Lanza, qui totalise 2.157 écoutes par mois sur Spotify ne vendra pas autant de merchandising et ne sera pas autant diffusé dans les médias que Kendji Girac, qui génère 1.313.786 écoutes par mois ou Aya Nakamura qui en totalise 3.838.507.
Certains artistes ont même contribué à une nouveauté lancée par Deezer, un album de reprises par la nouvelle génération de la pop française. Le premier, intitulé
« Souvenirs d’été » a été publié cet été. Angèle, Therapie Taxi, Foé ou encore Clara Luciani, tous ont repris une chanson qui a marqué l’été. Suite à l'engouement généré par cette première compilation, Deezer a sorti un deuxième album de reprises, intitulé « Le grand noël ». Ces deux albums ont été un véritable succès pour la plateforme. «Sur la première compilation, on a fait plus de 17 millions de streams et sur Le Grand Noël, on a fait plus de
8 millions de streams en six semaines» raconte Rachel Cartier.
Une visibilité supplémentaire ? Certainement, mais aussi une source de revenus supplémentaire, infime soit-elle, pour leur interprétation. Les artistes l’ont bien compris, ils ne peuvent pas vivre du streaming et les ventes d’albums physiques diminuent. Pour compléter leurs revenus, les artistes n’hésitent pas à réaliser des collaborations ou à placer leurs musiques dans des pubs.
Des t-shirts, des badges, des totebags, des bonnets… Tout y est au stand de merchandising après les concerts. Eddy de Pretto a créé des sweats, des t-shirts, des bonnets et même des chaussettes marqués par des titres de ses chansons. Un moyen de faire un bénéfice bien supérieur aux revenus générés par le streaming. Mais c’est aussi un moyen de fidéliser le public. L’ambiance des concerts poussent très souvent les fans à acheter des souvenirs de ce moment. Orelsan l’a bien compris en participant à la création de la marque de vêtements Avnier et en la plaçant sur son merchandising, tout comme Stromae l’avait fait pour ses tournées avec Mosaert.
L’industrie de la musique n’a jamais été à l’avantage de l’artiste concernant la rémunération, mais son évolution voit naître une nouvelle vague de plateformes qui agissent pour un meilleur streaming.
De nouvelles plateformes pour une meilleure rémunération
Si Spotify, Deezer, Youtube, Apple Music, Amazon Music, Tidal sont les noms qui ressortent régulièrement lorsqu’on évoque le streaming, d’autres plateformes ont fait leur apparition. Elles n’ont pas été créées seulement pour concurrencer ces géants, mais pour assurer une meilleure rémunération et une meilleure redistribution des revenus. La plateforme française Wavlive commence à tirer son épingle du jeu grâce aux Casseurs Flowteurs qui ont mis en ligne leur album sur cette plateforme. Créée il y a deux ans par un développeur et un compositeur, la plateforme Wavlive se veut « équitable » dans le partage des revenus. Ses créateurs n’ont pas tenu à répondre à mes questions prétextant être «en plein développement» ne pouvant alors dévoiler des éléments de leur business pour le moment. Toutefois, Wavlive verse directement les gains de la publicité et du nombre de lectures des titres aux artistes. Les gains vont directement dans leurs poches puisqu’ils mettent eux-mêmes leurs musiques en téléchargement gratuit ou en vente au prix choisi. La plateforme européenne Voise assure également une meilleure rémunération des artistes. Celle-ci fait partie des plateformes dites « blockchain », qui consiste à stocker et transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe de contrôle.
Une redistribution complexe qui lance une nouvelle tendance du côté des artistes: devenir son propre label. Grâce aux outils actuels, les artistes sont devenus plus indépendants que dans les années 90. Notamment avec les nombreuses plateformes qui leur donnent la possibilité de se distribuer plus facilement à moindre coûts. Un avantage puisque cela leur permet de toucher plus d’argent sur le streaming. Mais très peu veulent s’occuper et faire du management, beaucoup sont artistes pour être artistes.
Pour ce qui est des maisons de disques, ce sont elles qui récupèrent la plus grosse partie des revenus de l’artiste générés par le streaming. Elles récupèrent leur part dépensée dans la production de l’album et des clips. La société civile pour l'Administration des droits des artistes et musiciens interprètes (Adami) a récemment éclairci la situation en publiant le nombre de diffusions ou d'écoutes nécessaires à l'artiste pour toucher 100€.
Sophian Fanen - Journaliste Les Jours et auteur du livre Boulevard du Stream
Sophian Fanen - Journaliste Les Jours et auteur du livre Boulevard du Stream
Bastien Lanza - Auteur, compositeur, interprète
« On peut toujours dire qu’en moyenne ca fait 0,004€ par écoute, sauf qu’en fin de compte, il n’y a quasiment jamais d’écoutes qui sont payées 0,004€ parce que le revenu par écoute va varier »
Sophian Fanen, journaliste à Les Jours et auteur du livre Boulevard du Stream
«Angèle est en même temps autrice, compositrice, interprète et elle est même productrice de son propre disque. Donc elle va toucher comme autrice, compositrice, interprète et en partie comme label. Alors que Johnny Hallyday ne touchait que comme interprète»
Sophian Fanen, journaliste à Les Jours et auteur du livre Boulevard du Stream
« La plupart des artistes, sauf les stars, sont dépendants des grosses plateformes. Ce sont vraiment de grosses sociétés qui font ce qu’elles veulent. Donc, les possibilités positives dues à ces nouvelles plateformes ouvrent et rebalancent le pouvoir dans le bon sens, c’est-à-dire vers les artistes »
Paolo Magaudda, sociologue à l'Université de Padoue (Italie)
L'équipe d'Envoyé Spécial s'était d'ailleurs entretenue avec Pascal Nègre en 2016 pour discuter des revenus perçus par les artistes sur Youtube. Par exemple, un artiste qui fait
16 millions de vues sur Youtube rapporte 16.000€ à la maison de disque. Sur ces 16.000€, l'artiste touche entre 10% et 15%, soit 1.500€ à 2.000€. Cette mauvaise redistribution et les choix artistiques ont poussé certains artistes à se lancer en indépendants.
The Trichordist a publié les revenus 2019 par stream sur chaque plateforme. Cliquez sur les logos pour découvrir le montant →
Bartleby Delicate
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